L’émission sur la pilosité du 2 juin 2017 : ici
Au fait, il y a t-il un conte qui parle de pilosité ?
Ils sont fort nombreux car les poils de la bête cachent souvent la véritable personnalité du héros ou de l’héroïne.
Peau d’âne : lire là
la Belle et la Bête : l’histoire racontée à la radio
Un conte qui date du second siècle retrouvée par Apulée (latin) : le poil cache la poésie du coeur et le romanesque le plus fou.
l’homme à la peau d’ours : lire
Là encore, le poil cache un véritable homme vertueux et courageux.
Le poil, notre meilleur ennemi ?
On commence à s’interroger vers 11/12 ans, parfois moins quand on est un peu précoce et cela ne nous quitte plus, quasiment jusqu’à la mort : nos poils.
Filles, garçon ou neutre, le poil est tour à tour attendu avec impatience, rapidement détesté, regardé avec fierté ou exaspération, lassitude ou effroi mais il est là. Et la grande question est de faire avec ou sans… Mais nous ne sommes pas toujours d’accord sur la quantité de poils à garder ou à éradiquer et culturellement, c’est souvent compliqué !
De plus, s’épiler fait mal les premières fois (et pour dire la vérité, les autres fois aussi), se raser est un peu moins douloureux mais c’est très fastidieux… Les hommes y consacreraient plus de 200 jours de leur vie.
Bref, le poil, je vais vous en faire toute une histoire !
Petit histoire de la pilosité
Le poil est symbolique, synonyme de vitalité et de maturité sexuelle, il piège les fameuses phéromones qui jouent un rôle si important dans les relations amoureuses, protège les parties intimes et a été utilisé culturellement et sociologiquement comme un critère de différenciation sexuelle.
Sous l’Egypte ancienne, les édiles, les familles royales et princières se rasaient sur quasiment tout le corps, les hommes comme les femmes. Les Dieux étaient, selon la tradition, imberbes; ainsi devaient l’être leurs représentants !
Les grecs, les romains, les perses se rasent, là encore les hommes comme les femmes. Le torse, les jambes, les parties génitales et sous les bras.
Les pinces à épiler sont les objets de beauté que l’on retrouve très fréquemment, y compris chez les gaulois, (les celtes) et la société gallo-romaine.
Les barbares aiment mieux le poil, c’est d’ailleurs à cela qu’on les reconnait ! Ils sont donc velus et considérés comme des … sauvages !
Mais ils prennent soin de leurs barbes, ces saxons et ces nordiques qui tressent leurs longs cheveux et les fleurissent … Mettaient-ils des perles également et des nattes sous les bras ? Nous ne le saurons jamais !
Le poil a eu ensuite de très beaux jours devant lui, même si l’on continuait de s’épiler dans certaines familles de la noblesse et milieux interlopes.
Zola a d’ailleurs écrit de forts beaux paragraphes sur la sensualité des poils roux de Nana dans l’Assommoir tout comme Baudelaire dans les Fleurs du Mal.
Tandis qu’en Asie, les peaux sont le plus souvent imberbes ou soigneusement rasées, partout là aussi. Il y aura pourtant de notables exceptions si j’en juge d’après les fameuses estampes japonaises.
Dans l’Afrique du nord et de l’ouest, islamisée, le poil doit être épilé tous les 40 jours et certains rituels (de mariages notamment prônent le rasage intégral).
En Afrique centrale en revanche, dans les parties non islamisées et plutôt animiste, le poil est un atout de séduction très prisé : duvet au-dessus des lèvres, toison pubienne très fournie sont recherchés. Certaines femmes très velues font l’objet d’une véritable vénération sexuelle.
Des tendances qui s’inversent
La France est le pays européen où l’on éradique le plus le poil, tant chez les femmes qui s’épilent presque intégralement : le duvet, les bras, les cuisses, le pubis (la fameuse forme du ticket de métro si prôné par les parisiennes), les jambes et sous les bras que chez les hommes.
Ce n’est pas le cas de l’Allemagne ou des Pays-Bas, très désinvoltes au yeux des françaises en ce qui concerne leur pilosité.
Ces derniers, en dépit de la recrudescence des Hipsters (les jeunes barbus trentenaires), suivent la mode de l’épilation du torse, des parties génitales et même des jambes.
C’est aussi parce que 84 % des femmes n’aiment plus les hommes trop poilus (on parle des moins de 40 ans).
L’irruption de la pornographie modifie la vision sur la pilosité
Ce changement notable, entre l’adoration du poil dans les années 70 où le naturel était légion et son éradication dans les années 80, est en effet du à l’irruption de la pornographie.
Les poils gênent la vue … Et compliquent le travail des Cameramen. Les acteurs sont donc épilés et les actrices le sont intégralement. Une mode qui s’est peu à peu infiltrée dans la vie de tous les jours.
Qu’en pensent les Québécois/ses ? Hé bien la belle province aussi à l’instar de ce qui se passe Outre-Atlantique chez les cousins américains, sont plutôt des partisans affirmés de l’épilation.
Depuis 5 ou 6 ans, les choses s’inversent (lentement). Les femmes revendiquent le droit de garder leurs poils et de ne plus subir un diktat de plus en plus contraignant.
Les hommes quant à eux sous le double poids du sport et du mouvement LGBT s’habitue à ne plus faire rimer virilité et pilosité : ils se rasent le crâne, s’épilent intégralement… mais gardent leurs barbes ou leurs moustaches !
Les stars américaines ou britanniques souhaitent s’affranchir de cette obligation de s’épiler : Madonna, Julia Roberts, Miley Cyrus, Scarlett Johansson, Alicia Keys, Lola Kirke,… ont ainsi défrayé les chroniques. Lire ici
Le « Maipoil » est un mouvement à Montréal porté par une comédienne pour changer le regard sur la pilosité. C’est en mai dernier que des manifestations, des colloques se sont déroulés pour réconcilier les québécoises avec leurs poils.
Une tendance qui a quelques adeptes en France mais qui reste encore timide. Garder ses poils en France relève presque du militantisme…. Et redevient un atout pour la pornographie qui peut ainsi en faire un produit spécifique pour les amateurs/trices !
La pilosité, nous parle de notre rapport à l’animalité, à la sexualité
Donc le poil est un symbole et voilà pourquoi il a sa place dans mes chroniques et puis bon nombre de personne ont des complexes voire des névroses dès qu’il s’agit des poils. Et les réactions sont parfois très épidermiques.
Faut-il se raser pour décupler son pouvoir de séduction ? pour obéir aux désirs de son/sa chéri/e pour faire plus propre ? Ne pas se raser est-il synonyme de manque d’hygiène ?
Est-on normale/e quand on aime l’odeur un peu pimenté ou forte des aisselles ? Bref tout un tas de questions que se posent les femmes et les hommes.
Et qui pose aussi la question, du regard que l’on porte sur soi. Suis-je aussi désirable avec mes poils que sans ? Va-t-elle m’aimer ? Que signifie le fait qu’il m’aime imberbe ? Je me sens comme une enfant sans poils ? Ou au contraire, je ne supporte pas ces poils, tout cela me dégoûte.
Le poil nous parle de notre rapport à l’animalité dans une société de plus en plus trash mais aseptisée. Et il semblerait que plus on aime les animaux, moins on souhaite leur ressembler…
Sans parler des dysfonctionnements :
- L’hypertrichose simple (ou pilosité abondante)
- L’hirsutisme qui correspond à un dérèglement hormonal et doit être suivie par un endocrinologue et un gynécologue car ce symptôme est souvent associé à une hypertrophie des organes génitaux, une virilisation de la voix…
Alors poil ou épilation ? La pression sociale est encore très forte sur les femmes qui trichent ou négocient avec elles-mêmes et la société : on ne se rase pas 6 mois de l’année en hiver , on porte des manchettes ou des pantalons, on met des boxers ou on s’assume !
Davantage d’informations sur la pilosité ?
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Emission du 2 juin 2017 : cliquez ici à partir de 34’36 minutes