Ce conte est-il votre conte de vie, l’avez-vous choisi au cours de la séance de psychoportrait symbolique ? Si oui, vous savez combien il est fondateur. Sinon venez avec nous et partons ensemble. Voyage en pays Inuit.
Ce conte retrouvé, mis à jour et superbement expliqué par Clarissa Pinkola Estès me fait toujours le même effet.
Que d’interprétations dans ce conte puissant. Et que de résonnances.
On peut y voir une sorte de belle et la bête à l’envers d’une certaine manière…
Elle a commis une faute et son père la punit. Seul celui qui saura l’approcher, la pêcher et la regarder vraiment, avec les yeux du cœur, celui alors pourra lui permettre de renaître.
Cependant, comme dans tous les contes, il y a plusieurs niveaux de lecture….
Ces derniers correspondent chacun à notre degré d’évolution et notre cheminement dans la vie et la conscience.
Retrouvez le conte dans son intégralité ici : http://www.egostracisme.com/conte2.htm
Le pouvoir créateur de l’amour
Le pouvoir de la femme, sa force et sa féminité restés intactes, son pouvoir créateur est rappelé ici avec force.
La force de l’amour et sa nécessaire patience pour démêler, désenchevêtrer les fils et l’implication de chacun dans le miracle de l’amour :l’acceptation du laid, du douloureux de l’effrayant et la compassion, c’est aussi le prix de l’amour.
La peur et ses méfaits mais aussi ses bienfaits… C’est bien parce qu’il a
peur que le pêcheur va vouloir retrouver la protection de son foyer et qu’il
va y emmener, bien malgré lui, la femme squelette.
L’amour, puisqu’il leur faut bien être deux pour cette aventure… y est conté sans fards et avec toute sa réalité. Le conte nous fait cheminer à travers tous les états et les types d’amour :
La pêche, un acte d’amour filial, destinée à la famille, au clan. C’est la solidarité et l’entraide qui prédomine pour permettre à la collectivité de survivre. Un sentiment qui se change en un acte fraternel : soulager l’autre et le regarder avec les yeux de la compassion. Souffrir avec… et seulement parce qu’on a pu faire preuve de cet acte altruiste, on finit par aimer véritablement et voilà l’éros qui pointe son nez.
Aimer et désirer l’autre. La patience et la tendresse qui finissent par le guider pour démêler les fils enchevêtrés dans les os de la femme et la vêtir.
La tendresse et le manque d’amour et ce petit rien de mystérieux et d’impalpable qui le feront pleurer dans son sommeil. Le fabuleux pouvoir des larmes. Rédemptrices, elles
viennent abreuver la femme squelette qui peut alors entreprendre son travail de guérison et de renaissance.
Le conte nous parle des étapes de l’amour, la fuite, le jeu de cache-cache, la vérité nue et sans fards parfois laide qu’il nous faut entrevoir puis regarder clairement en face car le véritable amour n’a pas besoin d’artifices. Aimer l’autre, tel qu’il est. Sans le changer. Quel exercice délicieux et périlleux ! Dépasser la phase de l’aveuglement et aimer profondément ce qui n’est ni beau, ni aimable.
Le bienheureux silence qu’il faut ensuite accepter de laisser croître pour que l’amour puisse faire son travail.
Etre acceptée, s’accepter, s’incarner. La confiance dans l’inconscience : il dort et pourtant, son cœur bat dans les mains d’une autre… et sert de tambour pour accompagner le chant créateur.
C’est donc l’histoire de la fabuleuse puissance de l’amour, cette formidable énergie créatrice.
On a trouvé le trésor qu’il nous fallait mais il faut l’engagement des deux et surtout faire face et triompher de la difficulté (ferrer la prise), la souffrance (la pêcher), la peur (ouvrir les yeux sur la véritable nature de cette prise), le déni (la fuite), la résignation (faire face et démêler), la confiance (s’endormir en paix), la compassion (pleurer), le lâcher prise (se
laisser faire), le chant/la joie (créer, se recréer). toutes les étapes du va et vient de l’amour. Un amour qui se
nourrira de la précédente vie sous-marine, …Un amour fait de flux et de reflux… mais un amour véritable.
L’acceptation de nous-même : se pardonner et se reconnaître.
Au second niveau de compréhension, le conte nous parle de nous –même et de l’acceptation entière de ce que nous sommes. L’amour que nous devons nous accorder.
Accepter sa part d’injustice, de folie, accepter de trainer ses vieux
squelettes qui nous font si peur et les confronter à la réalité…
Les regarder, les dévisager, sans peur, sans répulsion mais avec compassion et amour.
Accepter le malheur qui nous a accablé un jour, c’est aussi le premier pas vers la guérison.
Qu’avons-nous exilé si loin, jeté si brutalement ou enfoui si profondément ? Qu’avons-nous expulsé de si grave, si fort qu’aujourd’hui encore, cela ressemble à un squelette hideux sans yeux et menaçant ? De quoi avons-nous si peur ? Qu’avons-nous fait de si terrible ? Quel mal nous sommes-nous faits ?
Tendre la main à ce qui nous fait peur ou ce qui nous fait si mal qu’on ne veut ni le nommer, ni le voir est chose difficile.
Et comme nous l’avons enfoui si loin, si profondément, nous ne pouvons qu’être terriblement effrayés, presqu’aux portes de la folie et de la mort lorsque nous nous rendons enfin compte et que cela remonte à la surface.
Il nous faut pourtant les hisser, les regarder, les chérir même, ces souvenirs et en tout cas, les traiter dignement.
Quand cela remonte à la conscience, c’est que nous sortons d’un profond déni. Dénouer, patiemment l’écheveau et pleurer sur nous –même est nécessaire. Ce n’est qu’à partir de cet instant unique que nous redevenons pleinement humains.
Avec cette larme versée, c’est toute une musique qui entraîne à nouveau le cœur…et qui nous reconstruit peu à peu…Cette musique, c’est celle de la vie retrouvée.
Nous retrouvons les sensations puisque nous possédons à nouveau de la chair qui nous vête.
Nous sortons de la cécité car nous avons à nouveau des yeux. Ils sont à leur place, et avec ces derniers, nous pouvons voir…. Et par conséquent, retrouver le désir….
Puisque c’est de la vue que nait le désir. Ce n’est pas simplement l’acte physique de voir au sens mécanique du terme dont il s’agit mais une vue symbolique tout droit issue de l’expression magique : « je te vois » qui signifie « je te reconnais, je t’accepte car je sais qui tu es ».
Nous sortons enfin de la profonde torpeur (dépression ?) dans laquelle nous étions restés longtemps.
Les épreuves traversées nous ont nourris et continueront à nous alimenter et nous faire évoluer.
Et le troisième niveau ?
Comprendre au-delà des mots
Voir ce qui n’est pas visible, entendre ce qui n‘est pas audible, sentir ce qui n’est pas palpable…
Ce conte nous invite à voir par-delà les apparences et comprendre les signes que l’Univers a déposés sur notre chemin. Poser les bonnes questions et puis lâcher prise. La réponse arrivera bien. En finir avec nos résistances et accepter que l’inexplicable
s’exprime.
Laisser la vie trouver son chemin. Ainsi le pêcheur sait qu’il a fait une prise exceptionnelle qui va changer sa vie. Ainsi la femme squelette continue d’avoir faim sans chair et vie et n’a pas perdu l‘espoir d’être repêchée.
La mort n’est pas une fin de toute vie mais celle d’une séquence d’existence. La fin d’une chose n’est pas notre anéantissement mais le début d’une autre séquence.
Et il faut accepter de laisser mourir et de faire face pour
trouver ce que nous ne pensions jamais trouver, faute de mots et/ou de définitions.
En finir avec les certitudes et accepter qu’on ne peut pas toujours en avoir et qu’elles freinent notre évolution. Et chanter pour renaître et nous transformer, autrement dit accueillir la vie avec reconnaissance.
Dans un monde en mouvement perpétuel, il nous faut apprendre à nous faire confiance. Et trouver seuls nos outils, nos armes pour grandir et évoluer.
Sentir, ressentir, regarder, puis cultiver le lâcher-prise. Accepter de faire le chemin vers ce qu’on ne connait pas avec comme seules armes (mais quel arsenal !) la ténacité, la patience, l’amour et la compassion.
Ce conte nous met face à nos incertitudes, nos vaines croyances et nos peurs.
Il nous décrit aussi la vie comme un passage, une initiation qui conduit à d’autres rivages, d’autres surfaces.
Il nous faut apprendre à creuser des passages, à laisser émerger ce qui est inexprimable mais qui surgit cependant.
C’est un conte d’initiations et de transformations. Pour apprendre à trouver les outils et les aides pour le Voyage. Le grand Voyage, celui que l’on fait à l’intérieur de soi.
Marie-Pierre Medouga
Coach de vie
remerciements pour les illustrations tirées de http://www.horites.com/Altern_FL-_Femme_squelette.html