Retrouver l’enfant intérieur qui sommeille en nous, c’est le thème de la nouvelle chronique « Coach de vie » de Simplement Broka.
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Qu’est ce que l’enfant intérieur ?
La petite voix en nous, rebelle, qui a envie de jouer, d’éclater de rire, de s’émerveiller mais aussi celle qui hait l’injustice et tape du pied pour obtenir ce qu’elle veut, celle qui adore les histoires héroïques et qui fait vibrer notre âme de manière inexplicable. Celui qui nous pousse au changement et à la transformation.
Beaucoup s’en aperçoivent lorsqu’il a été blessé. En effet, nous avons tous, en nous, un enfant brimé, abandonné, malmené ou réduit au silence par l’adulte que nous sommes. Le reconnaître et le libérer, c’est reconnaître et libérer notre essence profonde, notre potentiel créatif, notre spontanéité et, finalement, notre propre nature héroïque.
Déjà, dans les années 1940, le psychiatre Carl Gustav Jung avait remarqué que, dans les mythologies, bien des sauveurs sont des enfants-dieux. Rien de plus normal, explique-t-il, puisque, par nature, l’enfant est porteur de transformation.
Sous sa forme la plus « simple » c’est la partie de notre personnalité qui garde la sensibilité d’un enfant, et qui nous amène parfois à nous comporter de façon puérile. Cette idée a ensuite été développée et popularisée par le psychologue américain Eric Berne, qui en a fait la base de l’analyse transactionnelle. Selon sa théorie, notre monde intérieur est habité par trois états du moi, que nous utilisons plus ou moins bien : le Parent, qui établit les règles ; l’Adulte, qui pense, décide et résout les problèmes ; l’Enfant, qui ressent et réagit.
C’est au cours des années 1980 que l’idée d’Enfant intérieur prend véritablement son essor dans le monde des thérapeutes. Parmi les pionniers, un célèbre couple de psychologues et analystes, Hal et Sidra Stone. Pour eux, les trois états du moi ne sont pas suffisants, car notre monde intérieur est peuplé d’innombrables sous-personnalités : l’Arriviste, le Tyran, le Protecteur, l’Artiste, le Séducteur… et bien d’autres. Ils ont alors mis au point leur propre méthode, le Dialogue intérieur (“Le Dialogue intérieur”, Le Souffle d’Or, 1997), qui consiste à entrer en contact avec nos sous-personnalités. Cette idée est directement inspirée de la psychosynthèse, méthode élaborée dans les années 1960 par le psychiatre italien Roberto Assagioli. Pour lui, ces sous-personnalités empêchent notre moi profond de s’exprimer, provoquent des conflits intérieurs, des sensations de vivre en porte-à-faux : « J’ai beaucoup d’amis avec lesquels je me sens bien, mais, au boulot, je passe pour l’acariâtre de service, raconte Agnès, 39 ans, secrétaire de direction. Avec mes parents, je me comporte comme une petite fille obéissante ; avec les hommes, je suis tellement possessive que je les fais fuir… »
Pourquoi ne l’entend pas t-on davantage ?
Par peur avant tout même si la première idée qui vient en tête c’est de dire que c’est parce qu’on est devenu adulte. Mais c’est celui qui ne pardonne pas (enfin pas tout) qui voit très vite ce qui cloche, qui perçoit ce qui détonne ou qui refuse d’entendre . Ou qui fait des caprices alors on le fait taire car il nous dérange très fort si on ne l’écoute pas. Comme nous dérange l’enfant qui pose des questions auxquelles on ne peut ni ne veut répondre.
Mais c’est aussi celui qui nous fait la vie belle et magique !
« Il y a plusieurs nous en nous-mêmes, qui sont des parts de nous qui correspondent à plusieurs pages de notre évolution. L’enfant intérieur est alors la part de nous-mêmes la plus sensible, la plus vulnérable, celle porteuse de notre blessure mais aussi celle qui révèle notre authenticité », explique la psychologue Ariane Calvo.
Quand faut-il l’écouter et/ou l’entendre
Quand on a l’impression de ne pas être sur sa bonne ligne de vie… quand tout va de travers et que l’on sait en se regardant dans le miroir que n us ne sommes plus en phase avec nous même.
Selon moi, l’enfant intérieur ne fait qu’un avec notre âme : quand on dévie trop de nos rêves, de notre bonté intérieure, le risque est grand. Alors notre enfant intérieur va trouver les moyens pour se faire entendre et parfois bruyamment mais il nous arrive de mettre les deux mains sur les oreilles pour ne pas l’entendre. Alors on multiplie soit les passages à l’acte dangereux et puérils (justement !). Notre sensibilité, nos émotions sont à leur comble et c’est le risque du trop plein !
Reprendre contact avec lui, c’est reprendre contact avec son moi authentique.
» Il est important de remercier notre enfant intérieur et de lui dire à quel point à présent il est en sécurité et que notre maturité et nos expériences nous permettent de le rassurer, qu’il peut être en paix, en sécurité en continuant d’éxister à l’intérieur de notre intérieur. Quand vous ressentez une émotion négative, demandez-vous pourquoi vous ressentez cela, et essayez de vous comprendre, de chercher la manière d’améliorer cette négativité. Cet enfant intérieur a besoin d’être comblé d’amour c’est ce qui permettra à l’adulte d’aller mieux. Pour soigner les blessures du passé, on peut prendre contact avec son enfant intérieur grâce à un travail d’imagination. La personne adulte que nous sommes peut discuter, consoler et prendre soin de l’enfant que nous avons été. »
Comment retrouver son enfant intérieur ?
Dans mon travail de praticienne, j’utilise le psychoportrait symbolique car il est ludique, il utilise la spontanéité, le jeu, l’émerveillement et surtout, il joue à faire comme si : tous ce qu’aiment les enfants pour jouer très sérieusement. « et si tu étais ». Combien de fois, des personnes accompagnées ont été étonnées de s’entendre dire des vérités qu’elle se cachaient à elles même sans se sentir mal, sans ressentir de l’intrusion grâce à cet outil. Il remue certes car il utilise sa sagesse de l’inconscient collectif pour nous parler. L’enfant sait tout tout disait Dolto.
L’enfant intérieur, est-ce uniquement l’enfant blessé en nous ?
Oui et non
Cela signifierait que l’adulte qui n’a jamais été blessé dans son enfance n’en possède pas. or, tout le monde a un enfant intérieur. Ce sont nos émotions, notre sensibilité, notre authenticité, notre joie de vivre aussi. Les circonstances peuvent avoir terni, refoulé ou éteint en partie ces 4 éléments moteurs de notre enfant intérieur et faire de nous un enfant blessé mais notre enfant intérieur ne se limite pas à ceci. Il est ce qui nous permet de mettre en place des systèmes de résilience : « un jour, je partirai », « un jour je me battrai », un jour je pourrai dire « non »
Il est aussi celui qui nous permet de survivre en puisant dans notre joie de vivre, en faisant de chaque instant possible, un instant de joie. Il est celui qui sait s’émerveiller malgré le désespoir. Il est la spontanéité, celui qui sait vivre chaque instant présent intensément sans penser à la minute suivante.
Etre un bon parent pour soi
L’adulte en nous doit savoir reconnaître l’enfant intérieur qui s’exprime en lui et l’écouter. Pour ce faire, il doit à la fois guérie la partie qui fut blessée et se comporter comme le parent qu’il aurait aimé avoir : se consoler, s’écouter, se féliciter, s’encourager, se respecter, se pardonner (et ce point n’est pas le plus petit), se motiver.
Des exercices existent comme celui de la petite boite transparente ou du bocal dans lequel on met des post-it de couleurs différentes pour chaque action réalisée dans la journée. On ne devrait passer une journée sans se féliciter, s’encourager, s’écouter et se pardonner car chaque jour, on a toujours l’occasion de le faire. Nous ne sommes pas de parfaits petits soldats et la vie n’est pas une guerre.
- S’écouter sans se juger (nous sommes des juges impitoyables pour nous mêmes)
- S’autoriser à vivre l’instant présent
- se regarder dans les yeux dans une glace durant 3 minutes et noter ce qu’on l’on ressent sans se censurer :
-si on a besoin de pleurer : le faire puis chercher comment se consoler (après les larmes)
-si on a besoin de s’encourager : le faire sans se sentir ridicule
-s’offrir un bijou ou un talisman qui nous rappelle un pacte passer avec soi-même : se respecter et honorer sa propre parole envers soi
-si on a besoin d’amour, chercher quelque chose qui nous fait se sentir bien et emplie d’amour (c’est le moment aussi de prendre conscience de ses problèmes d’addiction car certaines drogues servent souvent de succédané à l’amour : le sucre, le tabac, l’alcool, la drogue).
L’enfant intérieur c’est une partie de nous qui peut nous apporter beaucoup si on sait l’écouter. Ma petite fille intérieure, je l’ai appelée mon démon : elle me terrorisait tellement elle était méchante. Aujourd’hui, elle me fait danser dans la cuisine, éclater de rire, prendre la défense des précaires, elle n’a pas cessé d’être révoltée mais elle sait être sage aussi. Elle sait se taire quand l’adulte en moi a raison et m’alerter (et là je l’appelle intuition) quand je m’engage dans une (mauvaise) voie qu’elle a reconnue mais que l’adulte en moi s’entête à suivre.
Trois livres m’ont bien aidée dans le travail sur l’enfant intérieur
- Femmes qui courent avec les Loups : Clarissa Pinkola Estes editions livre de poche
- le héros aux milles et un visages de Joseph Campbell que j’ai lu un peu plus tard qui touche du doigt comment on peut faire de sa vie une quête héroïque et reconnaitre l’héroïne qui sommeillait en moi
- Evidemment Prendre soin de l’enfant intérieur de Thich Nhat Hanh editions Pocket
J’ai également organisé des stages sur cette thématique : soignez votre enfant intérieur
Les références de cet article :
Rencontrer son enfant intérieur : cliquez
Ariane Calvo : Se réconcilier avec son enfant intérieur (Editions Eyrolles).
Les contes qui peuvent vous aider :
le conte du chat botté : lire
l’eau de vie : lire