Vous venez de faire un Psychoportrait symbolique.
Parmi les trois contes proposés, vous avez choisi « les trois plumes ».
Vous êtes probablement une personne qui utilise son intuition pour se déterminer. Pourtant aujourd’hui, vous avez besoin de vous démontrer que vous avez raison d’agir ainsi. Ce conte est spécialement fait pour vous ! Oui vous ! Les empathiques, les clairvoyants en devenir, ceux qui sentent et ressentent mais ne savent pas s’ils doivent se fier à leurs impressions et intuitions.
Ce conte est très souvent un conte-charnière. Il éclaire et guide. Relisez-le tranquillement et étudiez les épisodes phares de votre vie à l’aune de cette histoire.
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Le résumé :
Un roi a trois fils. Il se sent vieillir et doit trouver ce lui qui sera son successeur. Les deux premiers fils sont intelligents et avisés, le troisième est sot et ne parle guère. Il est surnommé le Béta.
Pour déterminer celui qui lui succèdera, le roi décide de s’en remettre en partie au hasard. Il lance trois plumes en l’air et émet un souhait. Celui qui lui ramènera le plus beau des tapis, alors celui-là sera le roi. Les trois frères doivent suivre la direction des plumes. Celle du sot ne va pas bien loin. Elle tombe juste à ses pieds. Il en est fort désolé mais il trouve une trappe qui le mènera à une étrange cave remplie de grenouilles et de leur reine. Elle lui donnera un tapis richement orné. Ses frères, qui se sont pourtant contentés de dénicher une toile grossière, ne l’entendent pas de cette oreille.
Ils supplient leur père de leur faire subir une seconde épreuve.
Le roi demande alors qu’on lui ramène la plus belle bague. Là encore la plume tombe au pied du sot. Il n’hésite pas une seconde et va demander à la reine des grenouilles qui lui donne la plus belle bague.
Les frères, qui se sont contentés de prendre des anneaux d’un vieux charriot, ne veulent pas accepter la défaite. Alors le Roi, de guerre lasse, demande une troisième épreuve : trouver la plus belle des dames.
Le sot demande à la reine des grenouilles de l’aider. C’est un peu plus complexe que les deux fois précédentes.
De nouveaux outils sont nécessaires : une carotte évidée et 6 souris. Il lui faut choisir parmi les grenouilles.
Il en choisit une au hasard et elle se transforme en une magnifique jeune femme dès qu’il la met dans la carotte laquelle se change en carrosse et les souris en chevaux.
Ses frères se sont encore contentés de jeunes paysannes grossières trouvées sur le chemin. Pourtant, cela n’est pas encore suffisant puisqu’ils ne s’avouent toujours pas vaincus.
Harcelé par ses deux premiers fils, le roi demande une ultime épreuve : que la jeune princesse saute au travers d’un cerceau. Les deux paysannes se rompent les jambes, la jeune princesse saute avec grâce. Le jeune sot devient alors Roi et règne avec sagesse pendant de très longues années.
Quand on se sent au bout du rouleau, sans solution, il faut s’en remettre au hasard pour retrouver l’inspiration
Le royaume, entendez les forces psychiques, se meurt. Le roi est trop vieux. Cela signifie que la psyché est fatiguée. II faut qu’elle se régénère. Il manque de la vie nouvelle, de la créativité, de l’inspiration. Quoi de plus normal ? L’élément féminin est absent. Le roi est indécis : comment faire renaître la vie ? Semble-t-il se demander. En faisant confiance au hasard… Et ce sont les trois petites plumes qui le symbolisent.
Les deux frères, pourtant intelligent, ne savent que pérorer et sont fainéants. Ils ne se donnent pas la peine de trouver les solutions les mieux adaptées… Le cadet est sot. Oui décidément, le roi qui se sent vieillir a bien du souci. Qui va lui succéder ? Il a une idée de génie comme souvent lorsqu’on est acculé et sans issue : le hasard !
Le vent va donc décider du sort des trois princes. Les deux plumes s’en vont au loin. La dernière reste au pied du cadet. Il s’en empare sous les quolibets de ses frères.
Lui, qui a probablement bien souffert de sa réputation de sot, pleure déjà de voir sa plume (sa vie/son âme) rester si près de lui. Il craint d’avoir perdu toutes ses chances. Mais c’est alors, qu’il va se faire confiance : il va tout de go ouvrir la porte qui ouvre droit sur les profondeurs. Il aurait pu tricher avec lui-même, se trouver de fausses excuses comme ses frères. Il a préféré garder son intégrité.
La cave : descendre en soi pour affronter ses peurs et trouver le meilleur
Humide, froide, pleines de recoins effrayants, la cave n’est pas spontanément l’endroit où on a envie d’aller. C’est le lieu du travail souterrain. C’est là-bas, en soi, que l’on doit affronter ce qui nous a fait peur ou mal. C’est là que l’on doit grandir, c’est-à-dire, séparer le bon grain de l’ivraie.
La cave est en effet un passage obligé pour l’individu à la recherche de lui-même. C’est ici que chacun peut faire la lumière sur son passé et peut affronter ses anciennes terreurs pour les surmonter en trouvant leur origine. Il faut débarrasser la cave de tout ce qui l’encombre, ne garder que ce qui est vraiment utile, car parfois des aspects importants et positifs de la personnalité ont été enfouis dans l’ombre avec le négatif.
Dr. Clarissa Pinkola Estes, dans son livre : « les femmes qui courent avec les loups », parle souvent de ce travail souterrain que l’on doit faire pour nettoyer sa psyché et se régénérer. Pour aller mieux, il faut descendre en soi.
Il en faut du courage pour y descendre ! Et que trouve-t-il ? Des grenouilles.
C’est un symbole de métamorphoses psychiques et de de renaissance. L’animal totem qu’il lui faut pour se transformer.
Souvent associée à l’eau et au signe de la lune, (le féminin), la grenouille exauce les souhaits : faire pleuvoir, donner des enfants. Depuis des dizaines de milliers d’années, elle est associée à la fécondité, à la sorcellerie : guérison ou charme.
Les outils magiques du conte des trois plumes
Il doit trouver un tapis. Cet outil magique permet de se transporter partout où l’on veut. Le tapis symboliquement, c’est le voyage spirituel en soi (on le fait pour grandir ou s’élever). Bien sûr, grâce aux prêtresses grenouilles, il va en trouver un richement décoré.
Les dessins du tpis, symbolisent le destin, la vie que l’on va tisser et se tracer. Ce qui va nous nourrir et nos conduire.
Cela signifie qu’il a une quête à faire (lire les symboles tissés et les comprendre) et s’en nourrir autant que de besoin pour s’en emprégner et se ressourcer en lui-même.
Le voilà roi et sauvé ? Nenni ! Une seconde épreuve l’attend : trouver une bague. Les frères en effet s’opposent à sa victoire.
La bague est le symbole de l’alliance, du mariage de toutes ses composantes psychiques, d’engagement envers soi-même et d’amour de soi et de fidélité (à ses valeurs). On embrasse l’anneau ou la bague du roi lorsqu’on est son vassal ou de l’évêque pour lui signifier la soumission. Ici, la bague est le symbole de la quête pour se trouver ou se retrouver. Ici encore, il suit la plume, se prête au jeu et ne tergiverse pas ! Il va droit chez la grenouille puisqu’il connait déjà le chemin.
Autrement dit, il a déjà commencé à apprendre. Il faut parfois retourner régulièrement chez soi, en soi, pour se retrouver et se ressourcer.
Que cela dure dix minutes, un jour ou des semaines, il ne faut pas avoir peur de rester avec soi-même pour faire le tri.
Enfin, il peut être roi. Mais les deux frères ne l’entendent pas ainsi.
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Il lui faut encore trouver la plus belle des promises. Et là encore, il se fie entièrement à son intuition. Il choisit au hasard une grenouille qui se transforme en une magnifique jeune femme. Non seulement il s’est doté du féminin (la créativité, la beauté, la fécondité possible, les potentialités…) mais de plus, il s’est aussi équipé d’un carrosse pour aller plus vite et de chevaux : la liberté, la puissance, la magnificence, pour l’atteindre son royaume !
La promise, c’est la fiancée ! La confiance (la fiancée qu’on amène avec soi), celle que l’on chérit et à qui on porte une grande attention. Pour que la transformation ait lieu, il faut qu’il la conduise bel et bien au palais du Roi. il faut donc lui indiquer la bonne direction. C’est à cette condition que la princesse se change ainsi que tout son attirail.
Voilà notre « faux »sot, et pas si beta, qui remonte de son voyage souterrain. Il a acquis, à présent, tous les outils/atouts pour vivre au mieux sa renaissance.
Il a usé de l’intuition, son arme secrète, et s’est fié à son courage et son âme simple. Car seule une âme simple et authentique peut comprendre la beauté et la magie du destin …Le Soi, la psyché peut à présent remplir son œuvre dans le monde conscient : régner sagement…
Il n’est plus sot : il a su voir, apprendre, voyager, se nourrir, et tout cela en se fiant à son intuition !
Bien sûr, il y a une dernière épreuve et celle-ci ne lui est pas destinée. Il s’agit pour la princesse de sauter aussi légèrement qu’une plume à travers un cerceau… Mais est-ce vraiment difficile pour une ex grenouille ?
De son existence souterraine, elle a gardé souplesse et vigueur. Elle aussi a su attendre son heure et le destin l’a choisie pour devenir femme du prince et future reine. De grenouille, elle devient princesse. Se nourrir de vie et d’intuition, de simplicité (n’obéit-elle pas à la reine sans rechigner) dans les profondeurs est toujours une stratégie payante. C’est donc à elle de jouer sa partition. Elle sait se tenir droite et être bien plus légère qu’on ne le pense. Elle a la grâce. Elle peut donc sauter dans le cerceau.
Le cercle symbolise la perfection, la protection, le temps, la roue qui tourne, la vie. Selon Jung, il est le symbole du soi.
De ce voyage en lui-même, il en est ressorti vivifié et apaisé et bien plus sage qu’auparavant et bien armé pour vivre sa vie en pleine conscience. Le royaume est au complet, les forces psychiques se sont unies et conjuguées.
Autrement dit, lorsqu’on sent que la vie spirituelle s’étiole ou nous quitte, que nos forces psychiques sont mises à l’épreuves, il nous faut descendre en nous-même. Notre inconscient sait comment nous guider. Il nous demande de faire appel à notre intuition et surtout de nous y tenir. Par trois fois, les plumes indiqueront la bonne direction qu’il faut pour trouver la solution au problème qui taraude le vieux roi. Dans un pays qui a abandonné toute rêverie et toute naïveté, redonner toutes ses chances au hasard permet à l’esprit féminin de revenir et d’y apporter sa bienfaisance.
L’intuition ne suffit pas seule, il faut de la vaillance, du courage car descendre au plus profond de soi permet d’en remonter des trésors mais fait risquer de ne plus retrouver son chemin. Il faut avoir une belle âme pour ne pas être effrayée par une grenouille qui parle.
Il faut ensuite avec un goût aventureux pour y retourner par deux fois sans savoir si notre requête va aboutir. Retourner en soi, avec confiance et continuer la quête de transformation.
Notre jeune sot qui n’en était pas un, avait juste besoin de se s’initier à la rencontre avec lui-même…
Ce conte est donc une clé pour comprendre que l’intelligence et la raison ne suffisent pas à revivifier la psyché. Elle a besoin de l’intuition.
Faire confiance au hasard, n’est donc pas une absurdité. Notre esprit qui voit beaucoup de choses n’en restitue qu’une toute petite partie. Souvent en rêves et parfois des bribes de savoirs confus vont nous revenir sous forme de synchronicité.
N’avez-vous jamais fait l’expérience d’obtenir la réponse à l’une de vos questions en ouvrant un livre, la télévision ou la radio ?
Le conte nous parle de s’ouvrir aux signes, à la transformation, de ne pas rechigner à l’introspection pour trouver la solution et puis, in fine, de laisser le hasard décider de la direction à prendre.
Le roi a bien des fois cherché ce lui qui pourra lui succéder entre les trois fils, c’est donc qu’il n’était pas certain des qualités des deux premiers. Sinon, le concours se serait déroulé entre les deux premiers et le conte aurait tourné court.
Autrement dit, l’intuition est là pour corroborer quelque chose. Il ne faut pas se départir totalement de la raison mais elle est insuffisante.
Plus largement, j’ai coutume de dire que ce que nous ignorons ; notre inconscient le sait…
Laissons-lui prendre les rênes de temps à autre.
Ce conte nous rappelle également la bienveillance qu’il nous faut avoir envers nous-même et surtout de faire preuve de patience.
Il en a fallu à ce jeune « sot » pour se défaire de sa mauvaise réputation… dont on l’avait d’ailleurs très injustement affublé. Le temps de démontrer à trois reprises que se fier à l’intuition, faire bonne figure devant l’imprévu et accueillir simplement les miracles font aussi partie de l’apprentissage.
Et vous, quelle intuition allez-vous suivre aujourd’hui ?
Vous désirez en savoir davantage, savoir comment j’applique les psychoportraits symboliques et les contes dans mes séances d’accompagnement ?
Marie-Pierre Medouga
Coach de vie
fondatrice de l’ Institut Psychoportrait symbolique
Références : et pour aller plus loin.
Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estes
http://lemondeduyoga.org/la-vie-du-yoga/symbolisme-du-cercle/
Illustrations : http://celineriffard.canalblog.com/archives/2014/05/22/29924201.html
Le livre des symboles : Réflexions sur les images archétypales : Taschen
Les frères Grimm : http://touslescontes.com/biblio/recherche.php
Marie-Louise von Franz : l’interprétation des contes de fée – Albin Michel